
Au Clos belle Rose, l'authenticité coule à flots
Découverte d'une micro-brasserie ardennaise
5 mins d’évasion
C’est au cœur du petit village de Haybes aux allures pittoresques que je découvre, accompagné de mes amis, le Clos Belle Rose. Un gîte, une micro-brasserie, un lieu de rencontres.
L'histoire joue un rôle important dans ce lieu
Témoin unique de l’histoire
Sa bâtisse attire directement mon regard, elle se distingue des constructions avoisinantes. Ce n’est pas un hasard ! Julien, propriétaire des lieux, raconte que le Clos est le seul à avoir survécu aux barbaries des Allemands. À leur passage pendant la guerre de 14-18, le village a complètement été rasé. Après la guerre, il fallait tout recommencer. Stockport, une métropole industrielle du Royaume-Uni, s’est portée garante pour parrainer la reconstruction du village de Haybes. Julien a d’ailleurs nommé l’une de ses bières à l’effigie de la ville anglaise. Je comprends très vite que l’histoire a toute son importance en ce lieu exceptionnel. Les activités du Clos Belle Rose sont profondément ancrées dans les souvenirs et le respect de son environnement.
Nuitée en bord de Meuse
Je découvre le charme original du Clos. L’intérieur de la bâtisse est à la hauteur de son aspect extérieur. Amandine, Louise, Collette, Marguerite Fontaine. Chaque chambre est personnalisée, porte un prénom féminin et est équipée d’une salle d’eau. Je dormais chez Anne, avec une vue imprenable sur la Meuse. Au petit matin, nous nous retrouvons dans une salle au décor baroque et doré pour prendre le petit-déjeuner. Confitures, chocolat, fruits, œufs à la coque... impossible de ne pas gâter nos papilles ! Les boissons chaudes sont servies à table. Nous avons réellement l’impression d’être accueillis par des amis. C’est sans doute ce même sentiment qu’ont partagé Charles de Gaulle, la chanteuse Jenifer et autres célébrités passées ici avant nous. L’été, nous nous imaginons déjà nous relaxer en profitant du bar extérieur, toujours avec cette vue sur la rivière.
Chambres, produits locaux et micro-brasserie réunis dans un lieu unique

Rencontre avec un Ardennais maitre-brasseur
Bien rassasiés, nous retrouvons Julien pour une visite guidée en toute intimité de la micro-brasserie du Clos Belle Rose. L’Ardennais nous met immédiatement à l’aise grâce à son hospitalité et à son remarquable sens de l’humour. Il est d’origine anglaise par sa mère, de Liverpool, et assume donc inévitablement être un grand fan de football. D’ailleurs, la micro-brasserie se déplace parfois pour accompagner les matchs de l’équipe du village ! « Bien que ce n’est pas grâce à cela qu’ils feront de meilleurs résultats », plaisante-t-il.
Le Clos Belle Rose propose également un fromage de brebis et de la terrine à la bière. Julien confie qu’il refuse de commercialiser ses produits dans les supermarchés. Rencontrer personnellement ses clients compte énormément pour lui. Certains viennent apprendre à brasser et repartent avec leurs propres bières. La micro-brasserie sort environ 5000 bouteilles par an et est à son paroxysme d’activité pendant l’hiver. « C’est la saison basse pour le tourisme et donc cela nous permet de consacrer plus de temps pour brasser », explique-t-il. Leurs bières vont de 6 à 6,5 degrés d’alcool.
Nous découvrons la Hayboise, une ambrée, le Cerf Blanc, une blonde en hommage à la légende du chasseur de Saint-Hubert perdu dans les Ardennes, la Laquette Qué nouvelle dans l’bois, une bière fruitée à base de myrtilles sauvages et la Stockport, bière des commémorations. Julien raconte qu’il a été contraint d’arrêter temporairement la production de la Stockport, tant celle-ci avait été victime de son succès en Angleterre ! Je suis touché par cette quête d’authenticité de mon nouvel ami ardennais. Il ne pouvait plus suivre la cadence et tenait à ce que la production reste artisanale.
Naturel jusqu’au bout
Nous sommes descendus dans un ancien salon d’ardoises. C’est ici que cette roche typique de la région était découpée autrefois. Désormais, le Clos Belle Rose y brasse ses bières. Julien explique qu’il n’est pas évident d’être linéaire, car c’est le propre d’une fabrication artisanale. Et puis, parfois, leurs cuves se bouchent et il faut intervenir. Je comprends que ce qui se passe ici est un véritable travail de passionné. Je découvre, à l’aide de ce guide attentif, le processus de fabrication d’une bière artisanale dans les moindres détails. D’abord, une mise à ébullition dans la première cuve où la teinte de l’orge sera définie. La céréale est concassée avec un petit tourniquet. Ensuite, nous passons à la deuxième cuve de brassage. Le fourquet casse les grumeaux et l’hélice prend le relais par la suite. Julien explique que les résidus serviront de nourriture pour les sangliers de la région. Vient alors la troisième cuve tampon. C’est là que le mélange sera refroidi grâce à un circuit d’eau naturellement filtrée et le houblon ajouté.
Je m’étonne de constater que la plante séchée ressemble fortement à du pellet. Julien écrase le houblon et je vois apparaître une sorte de lueur jaunâtre. Il s’agit de la lupuline : un excellent conservateur naturel. Le maître-brasseur cueille le houblon en bord de Meuse fin septembre, mi-octobre. Je réalise que je suis sûrement déjà passé à côté de cette plante sans m’en rendre compte.
La boisson repose pendant quinze jours avec de la levure de façon à ce que celle-ci puisse grignoter les sucres pour les transformer en alcool. C’est également à ce stade-ci que les myrtilles locales sont versées dans le bassin pour la réalisation de leur bière fruitée. « L’embouteillage est la partie la plus industrielle de la micro-brasserie », blague Julien. Eh oui, le maître-brasseur utilise une petite embouteilleuse électrique en aluminium recyclable. Pour le capsulage, je devine que l’opération demande un peu d’exercice. Je suis encore une fois surpris par l’authenticité de la pratique lorsque je découvre la méthode d’étiquetage. Une par une, les étiquettes sont collées sur les bouteilles à l’aide d’une petite trempette dans une coupelle contenant du lait. Plus le lait pue, plus il colle !
Nous traversons un couloir en pierres pour atteindre une deuxième salle à l’allure plus chaleureuse. Baie vitrée, ambiance-bar, petit comptoir et plaques décoratives affichées sur des murs de briques. Les bières sont placées bien droites en rangées. Julien informe que le thermostat est réglé sur 25 degrés et que la brique est un excellent isolant. Je me dis qu’il doit s’agir d’une pièce pour la dégustation. Non, il manque les bulles ! Dans les grandes brasseries, on envoie le gaz avant de capsuler. Ici, les bouteilles déjà fermées sont menées en chambre chaude pour que l’oxygène se transforme en gaz naturellement. La visite se termine bien entendu par une dégustation dont nous profiterons un peu plus haut, au coin salon du gite.
Vivre cette expérience
Le Clos Belle Rose
9, Place de la Charité, F-08170 Haybes, France
Tél: +33 (0)6 30 48 44 51
www.le-clos-belle-rose.com
J'ai découvert le charme du Clos...
Impossible de ne pas gâter ses papilles ici !