La Lesse

Nous avons marché durant deux jours entre Lesse et Lomme

 

 

 

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Pierre Pauquay

Ambassadeur depuis 6 années

L'Ardenne par Monts et par Vaux 

Culture et Randonnées

Une belle itinérance, longue de trois jours, au cœur d’une Ardenne préservée.

Nous avons marché durant deux jours entre Lesse et Lomme

Une escapade sans voiture

3 jours d'itinérance

La boucle entre Lesse et Lomme est une longue itinérance de 78 km qui permet de se plonger dans l’univers imaginaire de l’Ardenne. À pied, nous allons rejoindre les sites légendaires de la Haute-Lesse et longer l’une des plus belles rivières de Belgique, la Lesse.

Nous avons randonné durant deux jours entre Lesse et Lomme - Pierre Pauquay

Départ depuis la gare de Poix Saint-Hubert

Enfin ! Il a fallu du temps, mais cette fois la nature s’est montrée plus accueillante. Les premières reconnaissances s’étaient déroulées à Redu lors des jours pluvieux de janvier : les chemins humides et le froid nous avaient rappelé cruellement que l’hiver n’avait pas encore quitté les fonds des vallées d’Ardenne. Trois jours de soleil plus tard, en ce début février, le terrain est devenu plus sec. L’atmosphère est même devenue printanière : la randonnée va en être transformée. Départ depuis la gare de Poix Saint-Hubert. Les quelques centaines de mètres sur la route sont vite oubliés quand nous rejoignons le premier chemin entrant dans la forêt. Elle se pare de ses plus beaux atouts, décorée d’un mélange de feuillus et de conifères : cette randonnée permet de découvrir la somptueuse futaie jardinée.

Carte de l'itinéraire "Entre Lesse et Lomme

Cette randonnée permet de découvrir la somptueuse futaie jardinée.

paysage foret Foret Foret 2 rocher nutons 1

La futaie jardinière

Plusieurs essences d’âges divers y cohabitent. Au fil de nos pas, nous pouvons remarquer l’élancement des hêtres et le jeu de lumière qu’ils procurent. Ce type de forêt est également très résistante au vent, ses larges éclaircies évitent aussi une trop grande accumulation de neige sur les branches. Le sol fertile permet le renouvellement naturel de la futaie jardinière. Quittant la grande futaie, le chemin effectue des arabesques pour rejoindre les rives de la Lomme, une rivière qui sillonne en amont la grande forêt. Une direction que nous allons suivre via un sentier des plus agréables sous la canopée. Nos pas se mêlent aux traces des animaux. D’ailleurs, nous surprenons une harde, peu effarouchée du côté du bois des Chipeteuses. Devant nous s’égayent les passereaux ; dans le ciel les grands rapaces nous indiquent la route à suivre. Nous sommes dans une partie de forêt peu courue, sauvage. Si nous n’avons pas encore rencontré de petits gnomes, nous surprenons les chevreuils et autres biches qui croisent notre route : la faune de l’Ardenne n’a pas failli. Le chemin, bien tracé émerge de la forêt : un vaste paysage s’ouvre, grandiose. Sur la droite, un amas de rochers émerge de nulle part, comme s’il avait jailli des entrailles de la terre. Le Rocher des Nutons, une curiosité géologique, serait-il l’habitat des Nutons ?

Pays de landes

Au sommet, un autre paysage se dévoile devant nous. Les Troufferies sont d’anciennes tourbières où alternent les bosquets de bouleaux et les landes de bruyères. Car ici, au cours des siècles passés, ces terres, pauvres, étaient pâturées par de grands troupeaux itinérants de moutons. Cette pratique agro-pastorale fut abandonnée au profit de la plantation d’épicéas, jugée plus rentable, tandis que d’autres zones ont été laissées à l’abandon. Le projet LIFE-Lomme vise à restaurer ce milieu perdu. Un long travail de quatre ans, de 2010 à 2014, qui permet maintenant aux Galloway ou aux Highland Cattel de paître en toute quiétude.

Pays des Landes - Pierre Pauquay

Au cœur de la forêt

Peu après avoir longé la réserve naturelle, l’itinéraire est superbe. Le chemin s’élève pour atteindre l’orée. La côte est longue : nous sommes à près de 500 mètres d’altitude.

Du bois du Bané où nous longeons la première aire de bivouac au cimetière d’Anloy, la route est longue. La traversée de la forêt paraît infinie. À l’orée, enfin se distingue le village. Une plaine si paisible mais qui vit des combats atroces entre l’armée allemande et le 17e corps de l’armée française. Le 20 août 1914, le Général Joffre, lança cet ordre, « l’ennemi sera attaqué partout où on le rencontrera… » L’armée française tiendra parole. Dans ce coin d’Ardenne, tout de rouge et de bleu vêtus, les soldats bretons et vendéens affrontèrent l’infanterie allemande. À Anloy, à Maissin, dans les bois, dans les taillis, on se battit à la baïonnette, au corps à corps... Les soldats français y laissèrent 4500 des leurs morts ou blessés, aux côtés de 4300 Allemands qui reposent à leurs côtés…

 

Le paysage s’ouvre : les prés et champs nous portent vers Maissin. Le sentier, herbeux, est magnifique et offre une belle vue sur le village. Peu après le pont de la Justice, sur la gauche, nous effectuons un petit détour pour admirer celui de Marie-Thérèse qui renvoie cette image d’un passé où l’Ardenne était sillonnée par d’intrépides commerçants qui n’hésitaient pas à traverser ce qui était alors une immense forêt. Cet ouvrage d’art, à quatre arches, fait corps avec le paysage qui l’entoure. Fait de mœllons en schiste, il fut édifié au XVIIe siècle, sur la route de commerce entre Liège et Bouillon, cité dépendant de la principauté liégeoise.

Ici coulent les légendes et l'histoire de l'Ardenne - Pierre Pauquay

De Maissin, une des plus belles parties de l’itinéraire se joue ici : quel plaisir que de se laisser griser par le sentier qui sinue entre les arbres, passe les gués et franchit de petits rochers. Il nous mène, sans un coup férir, au bord des rives de la Lesse que nous prenons le temps d’admirer. Le bruit de la rivière dans le fond de la vallée, se répercute. Suivre la rivière, c’est aller à la rencontre de ces paysages, imprégnés de légendes. Le long des rives, le massif vert nous enveloppe : nous voici au cœur d’un monde enchanté qui est peuplé de créatures fantastiques

La pureté de la Lesse

Sur le sentier, il est grisant de suivre cette Lesse vagabonde. Elle exerce son pouvoir de séduction et nous envoûte, belle par sa pureté et son paysage. Prenant sa source sur le plateau de Paliseul, son tracé ne traverse aucune zone habitée, la pollution semble si loin dans ce coin d’Ardenne... Le cheminement le long de son cours est un régal des yeux : il nous mène à un pont en bois. Nous traversons la rivière torrentueuse pour nous trouver sur l’autre rive.

Photo d'un pont sur la Lesse - Pierre Pauquay Photo d'un hameau le long de la Lesse - Pierre Pauquay

A la lisière, apparaît le hameau de Lesse, un magnifique lieu calme et serein, comme si la forêt aux alentours l’avait protégé du temps qui passe. Dans le hameau, l’aire de bivouac offre le gîte en plein air. Elle constitue l’un des 3 aires qui caractérisent cette itinérance entre Lesse et Lomme. Ici, on peut, en toute légalité, y poser sa tente, y faire du feu et respecter la quiétude des lieux.

À nouveau un pont en bois nous ramène sur l’autre rive de la rivière. Au-dessus de nous se détache la Roche aux Chevaux. On raconte qu’on y précipitait les canassons jugés trop vieux. La vérité est tout autre puisqu’on y jetait plutôt les cadavres des chevaux : d’une rumeur, une légende naît. Dans la forêt silencieuse, rien ne vient troubler le calme excepté le bruit de nos chaussures écrasant les feuilles des arbres. Plus on descend, plus le chemin se rétrécit et devient sentier.

Photo d'un rocher aux nutons - Pierre Pauquay

Le refuge de petits gnomes

L’imagination fertile des hommes voit, en ces roches recouvertes de mousse dominant la rivière, le refuge de petits gnomes. Ces nains, appelés ici Nutons, Sotês ou Lûtons selon les régions de la Wallonie, œuvreraient pour le bien-être de leurs habitants. En échange de menus travaux qu’ils effectuaient, on leur déposait de la nourriture devant ces trous de rochers... Peu après avoir traversé la route de Libin, nous entrons dans une grande hêtraie, majestueuse. Place maintenant à la grande forêt éponyme, l’antichambre de celle de Saint-Hubert. Outre sa majesté, elle paraît infinie. La fin de l’itinéraire permet de toucher l’âme ardennaise, la forêt.

La fatigue s'installe doucement dans les jambes

Les kilomètres s’ajoutent aux difficultés du terrain : la fatigue s’installe doucement dans les jambes. Le chemin est recouvert de boue et les débardages ont raclé le sol, meurtri par les gros engins. À l’approche de Smuid, l’itinéraire nous jette une dernière fois un clin d’oeil aux légendes. Si les Nutons se réfugient dans les trous des rochers, nous les avons rencontrés au Parc Enchanté du Kaolin… Le chouette parcours didactique contourne l’étang d’une ancienne carrière. Les derniers kilomètres de l’itinéraire rejoignent doucement la gare de Poix Saint-Hubert, ceinturée par ce grand vert que vous venez de parcourir avec une joie indicible.

Vivre cette expérience

Une itinérance testée et valisée 100%  sans voiture

Pour le bivouac, il est nécessaire de réserver sur : www.foretsainthubert.wixsite.com

 

Durée de l’itinérance : deux ou trois jours
Km parcourus à pied : 75 km
Moyen de transport utilisé : trajet en train jusque Poix Saint-Hubert, ligne 162, Namur – Arlon.
Départ: Depuis la gare, on rejoint la boucle au Pont de Bozeau, via la route vers Smuid.
Se restaurer et dormir: Trois aires de bivouac sont aménagées tout au long du parcours (aire de Lesse, du Biolin et du Bané). Tout campement en dehors de ces trois zones est interdit. Elles sont accessibles dans le respect du code forestier. Des chemins de liaison permettent de relier l’itinéraire aux 8 villages de la commune de Libin : Redu, Transinne, Smuid, Glaireuse, Ochamps, Anloy et Villance. L’occasion de restaurer et dormir
Carte. Une toute nouvelle carte IGN regroupe le tracé de la boucle de 78 km et toutes les informations sur cette itinérance.
Application. L’itinéraire est également téléchargeable via l’application « Promenades à la carte »